Modélisation de Business Plan
Lors de la première création d'entreprise, nous avons été confrontés à un besoin classique pour tout entrepreneur : produire un Business Plan, i-e un document décrivant par le menu le produit, le time-to-market (temps nécessaire pour le mettre sur le marché), et la stratégie commerciale. Et bien évidemment chiffré en terme de coûts, gains, et retour sur investissement.
Le plus compliqué, ce n'est même pas les règles comptables ou la forme attendue des divers documents financiers, c'est la modélisation de tous les aspects de la société qui n'existe pas encore, qui va produire un produit qui n'en est encore qu'à l'étape de concept, et que l'on ne sait probablement pas encore quel sera le meilleur canal de vente et encore moins le prix unitaire.
C'est un travail monstrueux, qui s'apparente le plus souvent à de la divination. Et la plupart des gens qui doivent s'essayer à cet exercice, soit abandonnent l'idée de trouver un financement initial auprès d'institutions ou banques, et se tournent vers leur famille et amis, soit prennent Excel et lancent des chiffres au hasard, alignent quelques formules tirés d'un manuel comptable et étirent les formules sur 5 ans pour voir comment ils vont trop gagner d'argent pour peu qu'on leur prête 5M€.
Et la plupart du temps ça passe, car une fois mis en forme proprement dans le document Word, on ne voit plus que le tableau financier récapitulatif et non comment cela a été calculé. Avec le PowerPoint qui va bien pour faire une présentation aux oignons incluant quelques graphiques de part de marché et de croissance exponentielle des bénéfices, ça se vends tout seul.
Ok, je schématise un peu. Mais dans l'idée c'est ça, bien qu'obligatoire pour décider un investisseur, le BP n'est qu'une base à la forme bien définie qui sert d'illustration au bagou de celui qui vends le projet, et c'est ça et sa crédibilité qui font les 80% du boulot.
Un de mes associés étant justement le roi de la tchatche, il m'incombait de sortir de mon chapeau les chiffres à présenter. Donc au début j'ai fait comme tout le monde, j'ai aligné des chiffres sous Excel et des formules pour voir quelle allure ça a. Autant dire que modéliser une SA en devenir sur une page Excel avec 4 paramètres pris au hasard, il n'y a pas besoin de changer grand-chose aux paramètres pour passer de la catastrophe totale à la World Company.
On pouvait toujours se fixer à ceux qui produisent le plus joli graphique à l'arrivée tout en restant juste crédible, mais la question "comment vous avez choisi ces chiffres", je ne la sentais pas trop. Et l'à-peu-près je n'aime pas ça.
Je me suis dit que pour avoir la conscience tranquille avec cette histoire, et me sentir capable de répondre à toute question sur les choix de paramètres, il ne fallait pas que je réfléchisse comme un commercial/financier mais comme un ingénieur, dont la tâche est de faire une application modélisant le fonctionnement d'une entreprise.
Il est bien évidemment hors de question de modéliser financièrement une entreprise avec un algorithme générique, ni d'essayer de le faire dans la totalité. Mais rien que le fait de s'autoriser à penser "programme" plutôt que "feuille excel" ouvrait des perspectives de modélisation bien plus fines.
Comme par exemple la possibilité de saisir dans une feuille du personnel la date d'entrée d'un commercial ou d'un technicien supplémentaire, qui se répercute automatiquement sur le besoin d'investissement en outils de travail (amortissable), ajouter des charges fixes et récurrentes mais qui va aussi impacter les résultats d'exploitation environ 6 mois après.
C'est déjà moins contestable, même si la variation des paramètres d'origine (beaucoup plus nombreux) a toujours un impact affolant sur la volatilité du résultat. Cela était réalisé donc avec un "Excel-dont-vous-êtes-le-héros" avec plusieurs pages de paramètres et encore plus de pages intermédiaires (obtenues par un mélange de macros et de calculs normaux) avant d'arriver aux quelques feuilles formatées comme il faut.
Au final, cette "application" a bluffé tout le monde. A commencer par la CCI qui n'avait jamais rien vu de tel, et les investisseurs potentiels qui passaient plus de temps à jouer avec pour tester de nouvelles stratégies commerciales qu'à nous passer au grill sur les paramètres choisis au pifomètre. Il faut avouer que cliquer sur le bouton "Générer BP" et voir Excel s'agiter dans tous les sens pendant 1 minute, en passant d'une page à l'autre, remplissant des case ou totalisant des chiffres, affichant ou cachant des lignes et colonnes en fonction des besoins, a quelque chose d'hypnotisant.
Business Plan de Ticket-Marketing

Celui-là, c'est celui de la deuxième StartUp, celui de la première a disparu dans les limbes de mon disque dur. Dommage, il s'animait de manière encore plus fun, car plus complexe au niveau des paramètres. Bon mais de toutes façons en 2017 ça tourne trop vite, on a pas le temps de voir grand-chose.